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Cartographie Au service des besoins de la plante

Des outils permettent aujourd'hui de répondre à l'hétérogénéité intraparcellaire en appliquant la bonne dose au bon endroit et au bon moment.

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Dès 2003, le GRCeta de l'Evreucin, dans le département de l'Eure, s'est intéressé à l'agriculture de précision en créant Défisol. Depuis 2011, il porte son développement avec la coopérative CapSeine et InVivo.

 

Défisol se décline en deux volets : la multianalyse et la conductivité. La multianalyse permet de moduler ses doses d'engrais. Le processus débute par le calage d'anciennes cartographies aériennes sur l'îlot Pac de l'agriculteur. Ensuite les analyses sont réalisées à raison d'une pour 80 ares à 1 hectare. Les points de prélèvement sont géoréférencés. Les analyses portent sur le pH, le P2O5, le K2O, le MgO et le CaO. Ils sont valables dix ans.

Le potentiel des sols par la conductivité permet de moduler certains produits phytosanitaires ainsi que les engrais azotés. La conductivité mesure le passage d'un faible courant électrique dans le sol. Ces mesures donnent une bonne indication de la profondeur du sol.

Les mesures de conductivité sont réalisées par un quad équipé d'un conductivimètre, d'un ordinateur et d'un GPS. Les cartes de conductivité ainsi obtenues sont complétées par des profils de sol pour obtenir des cartes de potentiel. Les sols sont ainsi classés en cinq catégories selon leur potentiel. Multianalyse et conductivité chez Défisol

L'objectif visé est d'harmoniser les intrants avec les besoins réels de la culture, et ce de façon différenciée sur une même parcelle, en fonction de la profondeur du sol, des analyses de terre, des cartes de rendement, des cartographies satellitaires ou des capteurs de biomasse.

Plutôt que de gérer toute la surface d'un champ comme une seule unité, l'agriculture de précision tient compte de l'hétérogénéité des sols pour s'adapter aux besoins spécifiques de certaines zones. Elle est basée sur l'utilisation de nouvelles technologies telles que le système GPS, les capteurs, les SIG (systèmes d'information géographique) et le contrôle automatique des matériels agricoles.

De nombreux services sont proposés aux agriculteurs qui souhaitent moduler leurs engrais et produits phytosanitaires. On peut citer par exemple Géocarta, Farmstar et Défisol (lire l'encadré).

Géocarta mesure la résistivité

Géocarta développe des systèmes de mesure de la résistivité électrique des sols qui permettent de caractériser l'hétérogénéité des sols. Les cartes de résistivité ainsi obtenues fournissent un zonage intraparcellaire pour établir des cartes thématiques (réserve utile, texture, pierrosité, hétérogénéité...).

L'objectif est de moduler les apports en phosphore, potassium, azote mais aussi de la densité de semis. Les cartes de résistivité fournissent également des informations pour optimiser les sondages et les analyses qui en découlent.

 

Farmstar s'appuie sur l'imagerie satellitaire

 

Développé par Astrium et Arvalis en collaboration avec le Cetiom, Farmstar est un service d'aide à la conduite des cultures élaboré à partir d'images satellitaires.

Suivant l'avancement du développement de la végétation, l'énergie solaire réfléchie par les plantes n'est pas la même. C'est cette réflectance que mesurent les satellites. Elle permet de déduire la teneur en chlorophylle des plantes et ainsi estimer les besoins en engrais et produits phytosanitaires.

Ces données sont ensuite combinées à des modèles agronomiques, qui intègrent les conditions météorologiques et les caractéristiques culturales des parcelles pour générer des cartes de préconisation.

 

CHRISTIAN et FRANÇOIS VERDIER, polyculteurs-éleveurs dans le département de l'Eure

 

« Des économies avec la modulation intraparcellaire »

Christian et François Verdier ont rapidement été séduits par le principe de modulation intraparcellaire des apports d'engrais de fond. « Cependant, nous souhaitions prendre du recul par rapport à cette toute jeune technologie et nous appuyer sur les résultats obtenus chez les agriculteurs pionniers dans l'utilisation de Défisol. L'envolée des cours des engrais en 2008 nous a décidés et, dès l'année suivante, nous adaptions nos doses d'engrais au plus près des besoins de nos cultures. »

Les deux frères sont associés en EARL à Sainte-Marguerite-de-l'Autel, dans le sud du département de l'Eure, sur 350 hectares de grandes cultures et un atelier de production de volaille de chair sur 2.700 m². Les terres de l'exploitation sont limono-argileuses, avec toutefois une forte hétérogénéité parcellaire mais également intraparcellaire.

Le potentiel de rendement en blé tendre peut varier de 60 à 105 q/ha entre les moins bonnes et les meilleures parcelles. « A l'intérieur d'une même parcelle, ses variations sont encore plus flagrantes avec des rendements du simple au triple sur le capteur de rendement instantané de la moissonneuse-batteuse », précise François Verdier.

Son frère est vice-président du GRCeta de l'Evreucin et président d'Eaux 27-eaux 76, association dont l'objectif est de diminuer les pollutions ponctuelles et diffuses. Christian Verdier précise que l'intégralité de l'exploitation est située sur un bassin d'alimentation et de captage. Il estime ainsi que l'agriculture de précision est un outil particulièrement adapté à la réduction des pollutions agricoles, car elle permet de cibler au mieux les besoins des plantes en réduisant les quantités apportées sur les zones suffisamment pourvues, tout en maintenant son potentiel de production.

L'EARL Verdier travaille uniquement avec des engrais simples. « L'objectif est de traiter chaque zone d'un champ de manière différenciée. Dans une même zone, la teneur en phosphore peut être élevée, alors qu'elle est très insuffisante en potasse, explique l'agriculteur. Nous mettons du Calciton pour remonter le pH. Si on en met partout, on risque d'avoir des pH trop élevés dans certaines zones et de bloquer l'assimilation du phosphore. »

Selon Christian Verdier, chaque cas est différent sur les économies d'engrais réalisées, cela dépend de la situation de départ. « En ce qui nous concerne, les teneurs de départ étaient relativement satisfaisantes. Il en résulte des économies importantes en potasse (14 tonnes tous les deux ans au lieu de 28 auparavant) et en phosphore (un semi-remorque au lieu de deux auparavant), ainsi qu'une meilleure répartition des apports. En magnésie, les teneurs sont élevées en raison d'apports réguliers de Kiésérite, ce qui permet aujourd'hui d'intervenir dans la plupart des cas avec du Granular et de réduire ainsi les quantités de solution azotée. A terme, les fortes hétérogénéités des teneurs se combleront et il suffira d'effectuer un apport d'entretien », ajoute Christian Verdier.

En ce qui concerne l'investissement en matériel, « nous devions changer notre épandeur à engrais, qui montrait des signes de faiblesse. Nous avons investi dans un appareil permettant de moduler avec un voisin également utilisateur de Défisol », explique Christian.

La partie pesée, le boîtier de modulation et la barre de guidage ont fait l'objet d'un PVE (plan végétal pour l'environnement) avec une subvention de 40 %. Le coût de la multianalyse doit se raisonner sur dix ans. Celui du système de modulation sur un semoir à engrais est très faible, précise l'agriculteur.

« Chez Sulky, la pesée et le boîtier de modulation sont prévus d'office. La première année, nous avons même modulé sans barre de guidage car l'antenne GPS de l'épandeur servait de système d'avancement. »

A terme, les deux associés souhaitent bénéficier des avancées de Défisol en terme de conductivité, qui permettent de déterminer le potentiel des sols et de moduler les apports de souffre, d'azote et de certains produits phytosanitaires.

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